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FADisCo : vers une redéfinition du rôle enseignant ?
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Du 01 mars 2020 au 01 novembre 2022false false
La crise sanitaire a brutalement généré une importante modification des conditions d’exercice des formateurs du master MEEF. C'est dans ce contexte que deux chercheures, Amélie Alletru et Cendrine Mercier, ont cherché à analyser l'adaptation des formateurs à de nouvelles manières d'enseigner.
Contexte
Formation des étudiants repensée dans son organisation, dans ses modalités, contraintes d’enseignement à distance… Lors de la crise sanitaire, les formateurs ont dû faire face à l’urgence de la situation en improvisant de nouvelles pratiques d’enseignement.Les circonstances ont profondément modifié l’activité des formateurs, dont une très grande majorité s’est sentie démunie face à la nécessité et l’obligation d’adapter ses pratiques d’enseignement. En plus des obstacles technologiques liés à l’usage des outils numériques, c’est également la représentation de l’activité des formateurs ainsi que leurs valeurs qui ont été fortement chahutées. Les échanges avec et entre les formateurs lors d’instances plus ou moins formelles font apparaître de manière explicite que les dimensions à la fois relationnelle, épidémique et pragmatique de leur activité dirigée vers les étudiants sont fortement impactées. Les formateurs se voient contraints de repenser leur activité pour proposer des formats d’interaction avec leurs étudiants jusqu’alors inédits pour certains ayant peu de compétences numériques.
Dans un contexte incertain, il est possible de se questionner sur l’éventualité d’une pérennisation de la formation à distance (FAD) se transformant progressivement vers une forme d’hybridation de la formation (présentiel et distanciel), imaginé dans une dynamique d’ingénierie pédagogique des scénarios de cours, ce qui interroge davantage encore le rapport des formateurs à leurs missions et le gain à tirer pour leur propre compte des compétences qu’ils ont du développer « sur le tas ».
Projet de recherche collaborative
Cette situation inédite ouvre des perspectives pour tenter d’appréhender la manière dont les professionnels adaptent leur activité effective pour répondre aux contrainte qui leur sont imposées.Une recherche centrée sur l’observation de leur activité en situation d’enseignement à distance permet, en collaboration avec des formateurs volontaires, de documenter leur activité réelle. Il s’agit alors de conduire avec les praticiens engagés dans la collaboration une analyse partagée de leur activité interactionnelle en situation. Cette recherche collaborative, conduite dans une orientation de didactique professionnelle (dont la visée générale est l’analyse de l’activité en vue de la formation), vise à documenter la manière dont l’activité des formateurs est organisées conceptuellement en identifiant avec leur concours les schèmes d’action qu’ils mobilisent dans l’interaction virtuelle avec leurs étudiants. En participant à l’analyse partagée de leur propre activité, les formateurs peuvent alors en tirer profit pour leur propre compte dans une perspective de développement professionnel.
De manière complémentaire, la recherche menée en collaboration avec les enseignants est susceptible de faire émerger des connaissances utiles à la caractérisation du bien-être au travail en situation d’enseignement FAD voire parfois hybride en fonction de la période dans le cadre de la formation MEEF.
L’objectif est alors d’identifier les facteurs de protection permettant aux formateurs de développer des compétences numériques permettant la transformation des modules de cours. Le bien-être est alors étudié dans une approche techno-centrée (Mercier, 2020).
Quelle situation ou extrait de situation d’enseignement à distance les formateurs souhaiteraient-ils explorer grâce à une co-analyse approfondie de leur propre activité interactionnelle avec leurs étudiants ? L’analyse conjointe viserait ensuite à enquêter sur les intentions de formation au travers des valeurs d’usage qu’ils accordent à l’outil / aux outils numériques, sur la manière dont les formateurs se l’approprient ou le détournent, en font une ressource à leur disposition, élaborent leur action avec les contraints qu’il induit, s’adaptent en tenant compte des valeurs qui leur sont propres, etc, dans leur confrontation aux situation ainsi déterminés par eux.
Dispositif
Le dispositif d’enquête qualitative prévoit deux temps :
- Une phase d’auto-confrontation pour chaque formateur. La séance choisir pour être analysée fait l’objet d’un enregistrement filmique par deux biais : 1/ l’enregistrement automatique de la séance à distance via la plateforme Zoom : cette captation permet de récupérer l’interface visible des interlocuteurs ainsi que les échanges éventuels via le chat. 2/ L’enregistrement vidéo du formateur : cette prise de vue de profil/trois quarts permet de conserver une trace vidéoscopée des actions du formateur sur son environnement physique de travail. L’entretien d’auto-confrontation (mené par Amélie Alletru) consiste à conduire une première co-analyse de l’interaction.
- Une phase de co-explicitation : Les données filmiques et d’auto-confrontation font l’objet de transcriptions qui permettent de mettre en regard la séance et les commentaires a posteriori du formateur sur celle-ci. Cette mise en parallèle conduit la chercheure à identifier les schèmes d’action qui organisent l’activité du formateur. Le dispositif de co-explicitation invite ensuite les formateurs à réagir aux analyses proposées par la chercheure (Amélie Alletru) dans l’optique d’approfondir ces premiers résultats qui leur sont soumis en les discutant, les affinant, les nuançant, les confirmant, voire en les infirmant. Selon les possibilités, deux types d’entretiens de co-explicitation peuvent être envisagés : soit des entretiens individuels, soit des entretiens collectifs réunissant les participants à la recherche collaborative.
Participants à la recherche collaborative
La recherche est conduite avec des enseignants volontaires (condition incontournable), intéressés par l’analyse de leur propre activité. Les profils peuvent être variés : ancienneté, public en formation, discipline enseignée, sentiment de compétence pour l’enseignement à distance, niveaux d’expertise numérique déclarée divers… Les participants sont directement sollicités par les chercheures.
Calendrier prévisionnel
L’étude se déroule sur les années 2021 à 2022. La première phase (auto-confrontation) a eu lieu entre février et mai 2021, la seconde phase (co-explicitation) s’est déroulée au premier semestre 2021. La formalisation des résultats est envisagée pour l’automne 2022.
Contacts
Amélie ALLETRU, docteure en Sciences de l’éducation et de la formation et en Sciences du langage, Nantes Université, CREN (EA 2661)
amelie.alletru@univ-nantes.fr
Cendrine MERCIER, maîtresse de conférences en Sciences de l’éducation et de la formation, Nantes Université, CREN (EA 2661)
cendrine.mercier@univ-nantes.fr
amelie.alletru@univ-nantes.fr
Cendrine MERCIER, maîtresse de conférences en Sciences de l’éducation et de la formation, Nantes Université, CREN (EA 2661)
cendrine.mercier@univ-nantes.fr
Mis à jour le 29 juin 2022.